Il s’agit d’une présentation du film qu’Andy a vu étant petit et dont le héros est le fameux Ranger de l’Espace « Buzz l’Éclair ». Lors d’une mission interplanétaire, le vaisseau de Buzz l’Éclair détecte une forme de vie sur une planète inconnue, T’Kani Prime, le Ranger de l’Espace, accompagné de sa meilleure amie et supérieure hiérarchique, le commandant Alisha Howthorne, décide alors de faire un détour pour la découvrir et éventuellement en exploiter les ressources. Attaqués par des créatures étranges, ils décident de regagner leur vaisseau et de quitter cette planète hostile. Toutefois, et malgré les dangers de collision annoncés, Buzz l’Éclair poursuit le décollage et le vaisseau se heurte et s’abîme. Les Rangers de l’Espace ainsi que tout l’équipage se trouvent obligés de devoir s’installer sur cette planète afin de pouvoir recréer un cristal d’hypervitesse. Buzz est déterminé à vouloir les faire quitter cette planète, mais à quel prix ?
Le premier Pixar post pandémie à sortir au cinéma
Buzz l’Éclair, 26e long-métrage Pixar, montre que le studio peut encore se dépasser au niveau technique. Toutefois, le film est loin de l’excellence de la saga Toy Story. L’histoire du film prônant les valeurs de l’amitié et de l’entraide est sympathique sans être inoubliable. Malgré le grand spectacle de science-fiction qui nous est offert, nous regrettons que la carte nostalgique n’ait pas fonctionné avec les adultes malgré les différentes références aux précédentes productions. La sortie de Buzz l’Éclair marque le retour des films d’animations des studios Pixar au cinéma. En effet, les deux dernières productions du studio à la lampe, Soul, Luca et Alerte Rouge, ont été privées d’une sortie dans les salles obscures et ont directement été proposées gratuitement sur la plateforme Disney+.
Buzz l’Éclair est réalisé et scénarisé par Angus Maclane. Originaire de Portland, dans l’Oregon, cet artiste qui a rejoint les studios Pixar en tant qu’animateur en 2001, n’est pas un étranger à la saga Toy Story. En effet, en plus d’avoir travaillé sur Monstres et Cie, Les Indestructibles et WALL•E, il s’est également occupé de Toy Story 2 et de Toy Story 3. De plus, en terme de réalisation, il a fait ses preuves en réalisant les courts-métrages Burn•E, Mini Buzz et Toy Story : Angoisse Au Motel, et il a coréalisé Le Monde de Dory.
Un film réalisé et produit par des habitués du studio Pixar
C’est Galyn Susman qui a produit le film. Cette artiste originaire de Park Forest, dans l’Illinois, et diplômée de l’Université Brown a rejoint Pixar en 1990. Elle a débuté en tant directrice technique, animatrice et productrice des spots télé du studio. Ensuite, elle a supervisé les personnages et l’éclairage du premier Toy Story sorti en 1995. Puis, elle a poursuivi son travail de modélisation de personnages sur 1001 Pattes (a bug’s life). Elle a ensuite été directrice générale technique de Toy Story 2, directrice des effets visuels de Monstres et Cie et productrice de Ratatouille. Outre les longs-métrages Pixar, elle a également produit les deux courts-métrages Toy Story : Angoisse au motel et Toy Story : Hors du Temps.
Buzz l’Éclair, héros de son propre film d’aventure
Réaliser un film inspiré du jouet Buzz l’Éclair offert à Andy en 1995 peut paraître à la fois une idée intéressante et bizarre sur le papier. Intéressante parce qu’on s’est tous à un moment de notre enfance demandés pourquoi le jouet Buzz l’Éclair répétait l’expression « vers l’infini et au-delà ». De plus, malgré l’attrait instantané du public pour ce personnage, on s’est demandé pourquoi il est orgueilleux et obstiné. D’autre part, l’idée peut paraître bizarre car on a déjà eu la série d’animation Les Aventures de Buzz l‘Éclair et on peut craindre un film produit dans le seul but de vendre des produits dérivés. Or, malheureusement, c’est le cas. Buzz l’Éclair est un film purement marketing, loin des films au scénario recherché et travaillé des studios Pixar et où on ressent plein d’émotions. Il s’agit d’une aventure spatiale dans laquelle on découvre Buzz et son univers où le spectateur a l’impression d’être en face d’un vrai film d’aventure inspiré de grandes épopées de science-fiction.
En effet, si le récit se veut on ne peut plus classique bien qu’efficace, Buzz l’Éclair se démarque clairement pour sa capacité à nous évader. Plus qu’un hommage appuyé, il constitue un véritable plongeon dans l’inconnu, digne des plus grands films de science-fiction. Tout d’abord, son architecture narrative est construite comme un vrai récit de SF. Une mission scientifique de départ qui capote, un héros d’apparence que rien ne peut arrêter se confrontant à des défis hors-du-commun, la reconstruction d’une vie extraterrestre, la question centrale du temps, un ennemi redoutable et mystérieux et une technologie foisonnante… Tous les codes du classique de science-fiction sont présents et servent à merveille les personnages.
Le film permet aussi de franchir un seuil psychologique concernant le héros et de percer justement l’armure. Nous n’avions finalement que peu d’informations sur ce qui définit intimement ce personnage, qui préfère garder une stature noble à toutes épreuves. La question de l’héroïsme est assez bien traitée ici et évolue au fil du récit, en fonction des difficultés rencontrées par le personnage principal. Comme on peut s’y attendre, durant une grande partie du film, nous suivons un Buzz fort et puissant, presque sacralisé dans la figure du héros courageux, pour qui une mission (celle du bien commun) est plus importante que sa personne.
Mais le fil du récit change la donne et lui fait comprendre qu’il a besoin des autres afin de parvenir à ses fins et sauver son peuple, et donc de s’accomplir en tant qu’astronaute mais aussi homme. Sans divulguer la fin de l’histoire, le héros met de côté son propre désir au profit du bien de sa communauté. Hanté par cette idée de vouloir absolument corriger le tir de son passé et se racheter auprès de la société, Buzz en oublie de vivre son présent et d’entreprendre son propre avenir. Il ne vit plus que dans l’idée entêtante de retrouver sa vie d’avant, même s’il perd son temps. Le film nous montre que la vie est pleine d’imprévus et qu’il est important de s’adapter aux changements qui nous touchent toutes et tous à un moment donné. En effet, si Buzz est obsédé par ses propres failles, son amie Alisha essaye de trouver des alternatives et une philosophie différente, en profitant de l’instant donné, avec les moyens du bord.
Ajoutons à cela quelques clins d’œil et références à la saga d’origine qui raviront les fans. La façon dont le héros est filmé au début du film rappelle la scène du premier Toy Story où nous découvrons Buzz pour la première fois sur le lit d’Andy. De plus, les gadgets de Buzz l’Éclair sont tous présents dans le film. Nous apprenons l’utilité de certains boutons et le spectateur est ravi d’être face à une haute technologie… Finalement, nous retrouvons les imitations de ninja dont le ranger de l’espace a l’habitude de faire. D’autres références sont disséminées ici et là et bien évidemment, soyez fins observateurs car plusieurs « Easter Eggs » Pixar ont été dissimulés dans certains plans.
Comme tous les films d’animation récents, l’animation, le visuel et les effets spéciaux sont à couper le souffle. Les studios Pixar se surpassent à chaque fois. Les décors de l’espace et les différents plans présentés montrent à quel point les artistes du studio ont placé la barre encore plus haut qu’auparavant. Que ce soit la planète découverte, l’espace, les différents vaisseaux spatiaux tout est d’un réalisme impressionnant et confondant. Le spectateur a l’impression d’être dans une vraie station à la NASA (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les créatifs du studio sont allés effectuer des recherches auprès d’astronautes).
Concernant les panoramas qui nous sont offerts, Pixar a souhaité apporter un photoréalisme d’une précision désarmante, grâce à une mise à jour récente du logiciel Renderman. Certains plans dans l’espace vous rappeleront des films qui ont fait date comme L’Odyssée de l’Espace ou Gravity. Les séquences d’action tout au long du film sont de véritables déclarations d’amour aux sagas Star Wars, Star Trek ou Indiana Jones. Visuellement, le réalisateur Angus McLane et ses équipes ont souhaité s’inspirer de films des années 1970 et 1980 pour apporter une certaine texture photographique. Ainsi, il ne sera pas étonnant de retrouver des plans rappelant Rencontre du Troisième Type voire même des films issus de la Nouvelle Vague française.
Là où tout le monde peut être d’accord, c’est que la bande originale déçoit quelque peu. La composition de Michael Giacchino passe-partout est dénuée d’originalité même si, là encore, elle s’inscrit dans cette forme de classicisme de science-fiction, comme le suggère le thème très patriotique et martial « Mission Perpetual ». C’est dommage pour un compositeur qui a pu faire ses preuves par le passé et remporté trois prix pour la bande originale de Là-Haut (Oscar, Golden Globe et Grammy Award). La musique du film devient à force un peu lassante et répétitive. C’est d’autant plus dommage quand on connait le travail merveilleux qu’a fourni le compositeur sur la bande-son de l’attraction Space Mountain à Disneyland Resort.
Des personnages peu développés
Un nouveau film impose de nouveaux personnages. Hormis le personnage principal, les autres sont très peu développés. Le spectateur peut sortir de la salle sans avoir pu retenir leurs noms.
Buzz l’Éclair est le personnage principal de cette histoire. Après avoir commis une erreur qui a condamné l’ensemble de ses coéquipiers à rester sur une planète hostile, il essaye par tous les moyens de les faire sortir du pétrin. On retrouve un Buzz l’Éclair fidèle à lui-même : aventurier, déterminé, solitaire, solennel mais bienveillant, toujours prêt à aider son prochain malgré tout. Bien évidemment, le design du personnage a un peu changé par rapport à celui de la saga Toy Story vu qu’il s’agit d’un personnage humain et non d’un jouet. Vous serez peut-être dérouté par sa chevelure au départ. Pareil, la voix du personnage change en VO comme en VF. Tim Allen cède ici sa place à Chris Evans, qui apporte au personnage un certain charisme mais également une fraîcheur. En France, ce n’est plus le célèbre comédien de doublage Richard Darbois qui prête sa voix au personnage mais c’est le comédien François Civil. La prestation de ce dernier n’a rien à envier à celle de Richard Darbois tant elle la respecte et se présente dans sa continuité tout en étant singulière. Par ailleurs, nous avons eu la chance de rencontrer les comédiens qui ont participé à la version française du film.
Alisha Howthorne, Ranger de l’Espace et cheffe de Buzz l’Éclair, est l’un des personnages les plus importants dans le film en dépit de sa faible présence. Elle a toujours cru en Buzz et lui faisait confiance. Elle a également su le réconforter après l’erreur qu’il a commise. Il s’agit de la meilleure amie de Buzz l’Éclair. Elle est incroyablement doublée par la magnifique Maïk Darah, une habituée des studios Disney et dont la prestation dans Le Roi Lion est inoubliable. En version originale, c’est Uzo Aduba qui assure la performance.
Sox, le chat-robot de compagnie de Buzz l’Éclair, est assurément le personnage secondaire le plus réussi du film. Il lui a été offert par sa meilleure amie Alisha Howthorne afin de le réconforter et lui remonter le moral. Au final, il s’avère très utile et attachant. À la fois drôle mais flegmatique, il constitue le parfait acolyte, comme Spock qui assiste Kirk. Même si certains de ses passages sont parfois tirés par les cheveux, le spectateur trouvera du plaisir à le voir. Il est clairement le personnage le plus « bankable » du film et sûrement celui qui a été pensé en priorité pour les produits dérivés. En version originale, Peter Sohn apporte tout son talent vocal à ce personnage. En version française, il est doublé avec brio par le comédien Michaël Gregorio.
Izzy Howthorne est la petite-fille d’Alisha Howthorne. Elle a toujours voulu devenir une Ranger de l’Espace et admire sa grand-mère et son meilleur ami. Avec ses amis Mo et Darby, elle forme la Zap Patrouille Junior. Malgré leur inexpérience, ils ont envie de sauver leur peuple de l’attaque menée par les robots étrangers. De plus, ils essayent par tous les moyens d’aider Buzz l’Éclair à achever sa mission. Izzy est une fille déterminée et qui essaye de surmonter ses peurs afin de travailler en équipe avec ses amis et d’embrasser son destin. En version originale, son doublage est assuré par Keke Palmer. En version française, c’est la comédienne Lyna Khoudri qui lui prête sa voix. Il faut saluer la prestation de la comédienne dont il s’agit de la première expérience dans le monde du doublage.
Mo Morrison et Darby Steel sont les deux autres membres de la Zap Patrouille Junior. Ces personnages secondaires manquent de développement dans l’histoire et sont relégués plutôt au rang de faire-valoir et amuseurs de galerie. Mo est nouvellement recruté dans les forces de défense coloniale. Il ne maîtrise pas l’utilisation des armes et est un peu maladroit. Darby est une ancienne membre des forces de défense coloniales. Toutefois, elle est en liberté conditionnelle. Il s’agit d’un personnage très instinctif et qui n’a point peur. Ils sont doublés en français avec brio par les comédiens Tomer Sisley et Chantal Ladesou, respectivement. Pour la version originale, ils sont incarnés respectivement par Taika Waititi et Dale Soules.
Enfin, nous retrouvons dans ce film Zurg, l’ennemi juré de Buzz l’Éclair. Il s’agit du principal antagoniste du film et se présente de manière beaucoup plus féroce et impitoyable. Les admirateurs de la saga Toy Story seront ravis de le retrouver et de percer quelques secrets sur son identité. En version originale, c’est James Brolin qui lui prête sa voix et en version française, il est doublé par le comédien Jean Barney. Malgré tout, il fait partie des éléments scénaristiques du film qui participent d’une certaine incohérence avec la saga Toy Story. Il n’est ici ni empereur et ses motivations sont assez différentes de ce qu’on connaissait de lui avant. Mais ce n’est pas le seul : quid des Aliens de la saga Toy Story manifestement remplacés par Sox ? Quid de tous les coéquipiers de Buzz qui n’ont jamais fait partie des jouets d’Andy (et plus généralement de toute la saga) ? C’est assez déroutant quand on sait que le film Buzz l’Éclair est introduit par un message stipulant explicitement qu’il s’agit d’une préquelle au film Toy Story de 1995, et donc du film qu’Andy a vu.
Un sentiment mitigé
Finalement, Buzz l’Éclair n’est ni un mauvais film ni un excellent non plus. Venant des studios Pixar, force est de constater que le spectateur reste sur sa faim, tant le final manque d’approfondissement (malgré trois scènes post-génériques). On ne peut s’empêcher de penser que la stratégie de Disney était avant tout purement commerciale, pour pérénniser la marque « Buzz l’Éclair » auprès des nouvelles générations. Nous sommes loin de l’excellence de la saga Toy Story et de toutes les émotions qu’elle dégage.
Ce postulat étant posé, on peut dire que Buzz l’Éclair arrive justement à s’émanciper de la saga dont il est issu, en en tirant quelques menues références sans pour autant la plagier. Mais là où le bât blesse, c’est que le film perd beaucoup d’un point de vue émotionnel (même si son humour est plutôt bien dosé). En revanche, il s’agit là d’un des plus grands spectacles que les studios Pixar nous ont offert depuis leur création. Inspiré artistiquement et profondément ancré dans des codes cinématographiques qui ont déjà fait leurs preuves, le film parvient à se hisser au sommet des plus belles aventures de science-fiction depuis plusieurs décennies. Et c’est sûrement son meilleur atout qui lui a permis d’accéder aux salles obscures.
Paradoxalement, et ce, malgré l’aura importante du personnage et toutes les promesses marketing du film, Buzz l’Éclair a connu un lancement modeste au box-office. En Amérique du Nord où il est sorti le 17 juin 2022, il n’a récolté que 51 millions de dollars, se faisant surpasser par Jurassic World : Le Monde d’Après, qui en était à son deuxième week-end d’exploitation. La déception s’est également ressentie à l’échelle internationale, où il a réalisé un score d’à peine 35 milllions de dollars. Les raisons de cette première dynamique décevante peuvent s’expliquer par plusieurs raisons : l’effet post-pandémie qui a surhabitué le public familial au streaming, l’impression que Disney tire trop sur la corde de la facilité en usant d’une marque populaire et la concurrence surprenante de deux grandes majors hollywoodiennes (Paramount et Universal). Le film a aussi subi les revers d’une polémique concernant l’une de ses scènes impliquant un baiser homosexuel, provoquant sa censure dans un certain nombre de pays ou se faisant pointer du doigt dans d’autres, par des communautés conservatrices (au point que la vedette du film Chris Evans monte au créneau pour le défendre). De là à penser que cela a éreinté le lancement du film, cela sera peut-être un peu exagéré mais il est indéniable que cela a un peu gâché sa promotion.
Buzz l’Éclair ne se hisse pas dans le haut du panier de Pixar. Il déçoit par certains aspects et manque un peu de sincérité. Mais il remplit malgré tout le cahier des charges et reste respectueux des ambitions pour lesquelles il a été créé : une pure aventure de science-fiction, chose assez rare au cinéma pour le souligner. Reste à savoir s’il marquera la décennie et offrira l’opportunité à Disney d’ouvrir une nouvelle franchise lucrative au cinéma et en dehors…
© Disneyphile 2022 / Tous droits réservés / Reproduction interdite
We would like to thank the author of this article for this outstanding content
Buzz l’Éclair – Critique du Film d’animation Pixar | Disneyphile
Our social media pages here and other related pages herehttps://pyzal.com/related-pages/