Les super-héros au cinéma sont une histoire d’amour aussi forte que celle entre les animaux et le cinéma d’animation. Alors quand le film d’animation Krypto et les Super-Animaux propose des animaux super-héros au cinéma, on se dit que ça ne peut que fonctionner !
Si vous connaissez le superchien Krypto, Ace le Bat-Chien, la tortue Merton ou encore Ch’p le rongeur extraterrestre alors vous êtes des fans de l’univers DC Comics. Sinon il s’agit de super-animaux ayant été créés dans des comics, principalement en tant que coéquipiers de supers-héros très célèbre. Le plus connu est évidemment Krypto créé en 1955 et compagnon de Superboy/Superman et apparaissant dans de nombreux médias jusqu’à avoir ses propres aventures dans une série TV en 2005. Et c’est en 2018 que le département animation de Warner Bros. (aussi propriétaire de DC Comics) décide de lancer un projet autour des super-animaux pensé comme une origin story. Le projet est confié au scénariste et producteur Jared Stern que le firme connaît bien puisqu’il a déjà scénarisé des productions maisons telles que le sympathique Lego Batman, le film ou LEGO Ninjago. L’Américain est autant expérimenté dans l’animation que dans le comédie et réalise ici son second film après la comédie Happy Anniversary (2018) pour Netflix. Tout en étant assisté du coréalisateur Sam Levine, il est à la tête d’une production d’environ 100 millions de dollars où Dwayne Johnson double le personnage principal tout en étant producteur via sa société Seven Bucks Productions. Quant à l’animation, elle a été partagée entre Warner Animation et le studio Animal Logic ayant déjà œuvré sur les films Lego cités plus haut.
Le début du film nous raconte l’histoire de Superman et de son chien Krypto, derniers survivants de la planète Krypton et héros sur Terre. Alors que la relation d’amitié est fusionnelle et exclusive du point de vue de Krypto, Clark Kent/Superman a d’autres plans. En effet, son chien a du mal à accepter que la relation entre son maître et Loïs Lane devienne sérieuse comme il peine à se faire des amis tout en considérant les autres super-héros comme de simples collègues de travail de son maître. En parallèle, on assiste à la vie morose d’animaux vivant dans un refuge en attendant une éventuelle adoption : le chien déterminé et solitaire Ace, l’optimiste truie PB, l’écureuil perturbé Chip, la tortue sénile Merton et surtout la démoniaque cochon-dinde Lulu. Cette dernière est une rescapée d’expérimentations du vilain Lex Luthor pour qui elle voue une admiration sans borne. Elle profite qu’un plan de son ancien « maître » échoue pour faire venir de la kryptonite orange dans le refuge. Cela lui fait acquérir de grands pouvoirs comme en donner aux autres occupants du refuge. Lulu en profite pour se créer une armée de super cochon-dindes et capture tous les membres de La Ligue des Justiciers dont Superman. Alors que Krypto tente de sauver son maître, il se rend compte que Lulu lui a fait manger de la kryptonite lui faisant perdre ses pouvoirs. Il va devoir demander de l’aide à Ace, PB, Chip et Merton tout en les coachant car ses derniers découvrent qu’ils sont de super-animaux.
Efficace semble être le meilleur qualificatif qui convient à Krypto et les Super-Animaux à commencer par son scénario. Le film a été vendu comme une comédie d’action super-héroïque enrobée dans un divertissement familial et c’est totalement ce qu’il nous offre. On a le droit à la quintessence du pop-corn movie pour toute la famille qui assiste à un déluge de super-héros, d’animaux mignons, de super-vilains puissants, d’humour dans tous les sens ou encore quelques séquences d’émotions. Le scénario est ainsi balisé du début à la fin et on s’y vautre assez confortablement tant on sait que la soupe qu’on nous offre est bonne même si sans surprise. Apparemment, Jared Stern (aussi scénariste) s’est inspiré d’expériences qu’il a vécu dans un refuge pour animaux pour tenter de donner leurs lettres de noblesse à des bêtes souvent mal-aimées et délaissées. C’est là le thème principal du film à savoir les relations complexes entre les êtres humains et leurs animaux notamment l’amour inconditionnel des chiens. Entre la peur de perdre son statut de meilleur ami et le désir ardent d’être adopté, le film se veut une démonstration pleine de bons sentiments sur le fameux pouvoir de l’amitié. Cela se comprend autant dans les relations entre êtres humains et animaux domestiques que entre Krypto et la bande des Super-Animaux qui apprennent à se connaître. Certains thèmes comme certaines scènes font notamment penser à la saga Toy Story.
Ce divertissement familial très balisé aux thématiques éculées fonctionne donc pour ce qu’il est manquant ainsi réellement de profondeur ou d’un supplément d’âme l’empêchant d’être plus qu’un spectacle plaisant. Les créateurs du film ont surtout pris l’univers DC Comics pour un vaste terrain de jeu et se sont fait plaisir. On retrouve donc les principaux membres de La Ligue des Justiciers qui interviennent souvent dans le film occasionnant de belles scènes d’action mais surtout un humour jouant beaucoup sur la réputation de chaque héros. L’humour du film est par ailleurs très diversifié s’adressant vraiment aux différents publics qui iront voir le film (enfants/parents, initiés du genre, fans de DC Comics…) pouvant se montrer très cartoon ou au contraire assez acide sur notre société actuelle. Le tout en prenant le risque de s’éparpiller et de parfois être un peu poussif. Néanmoins, il reste plaisant de voir des versions un peu rigolotes de Superman, Batman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg ou Green Lantern… Pour ce qui est de la direction artistique, elle est très classique avec une belle approche Art déco pour l’apparence de la ville de Metropolis. On reste en terrain connu en ce qui concerne les êtres humains, les animaux comme le choix des couleurs. Encore une fois, on vise ici l’efficacité.
Pour ce qui est de la qualité de son animation, Krypto et les Super-Animaux ne peut clairement pas prétendre à jouer dans la cour des grands tant les rendus des différentes textures (notamment les fourrures des animaux) et l’aspect purement technique de l’œuvre ne nous impressionnent jamais. Ce qui n’empêche pas l’ensemble d’être très bien animé avec ce qu’il faut de combats mettant en scène des supers-pouvoirs. Il y a des moments où cela fuse de partout avec un très grand dynamisme pour notre plus grand bonheur. Bref, les scènes d’action font complètement le travail. Cela permet de mettre une nouvelle fois en avant l’efficacité via la réalisation comme le montage démontrant à quel point Jared Stern maîtrise les codes du cinéma à grand spectacle comme de la comédie. Pour ce qui est du doublage français, on a heureusement le droit à des professionnels pour la plupart des rôles avec des voix qui collent vraiment bien comme des comédiens qui maîtrisent bien le rythme de la comédie. La seule voix vraiment connue en dehors du monde du doublage est celle de Muriel Robin qui double magistralement Lulu. Enfin, il y a quand même ce qu’on appelle des « stars-talents » qui sont issus d’autres mondes (la musique et la présentation d’émission TV ici) et à qui on va malheureusement trop servir la soupe. C’est vraiment dommage que la version française doivent s’adapter comme ça à des invités un peu hors-sujets.
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